dimanche 25 septembre 2016

Putain, 5 ans

Il y a 5 ans, jour pour jour, c'était dimanche aussi comme aujourd'hui. Et il faisait beau aussi.



À cette heure là, j'étais sur la route, toute seule, je rentrais de Perpignan ou j'avais passé le week-end. J'avais prévu ce week-end depuis plusieurs semaines, j'avais besoin de réfléchir... ou plutôt de faire part de mes réflexions à deux personnes qui sauraient me comprendre. C'était mon week-end pré-demande de divorce, et ma soeur et ma grande amie Hélène avaient été à la hauteur : on avait été manger des sushis, y'a t'il un meilleur moyen de parler d'un problème qu'en s’empiffrant de sushis ? Non. Et elles le savaient.

(En y réfléchissant, ces deux counnasses avaient été les témoins de mon mariage, alors bon, dans la mesure ou elles n'ont pas été foutues de me dire "FAIS PAS ÇA PUTAIN", elle se devaient bien de me soutenir dans le "Oui, défais-moi ça, putain".)

Il y a cinq ans, dans cette voiture, j'ai dû m'arrêter plusieurs fois sur le bord de la route, l'air avait du mal à arriver dans mes poumons. Je remémorais mon parcours de 8 ans de mariage, j'essayais d'effacer ma culpabilité en me rappelant que j'avais tout essayé pour "réparer" ce mariage toxique, et j'arrivais toujours à cette conclusion : je ne l'aime pas, on n'a pas les mêmes valeurs, je souffre au quotidien, c'est la seule décision honnête, pour moi, et pour mes bébés de 6 et 3 ans.

Après 5 heures de route, j'ai récupéré mes petits en leur demandant mentalement de me pardonner, j'espérais qu'ils n'allaient pas trop charger à cause de ma décision. Et puis, je suis arrivée à la maison, je les ai douchés, je leur ai donné leur repas, lu une histoire, une looongue histoire, et je les ai couchés.

Et puis ça a été plus simple de ce que je ne pensais, j'ai demandé à celui qui était encore mon mari de venir deux minutes sur la terrasse, je lui ai dit qu'entre lui et moi ça faisait bien longtemps que c'était fini, que je voulais le divorce, et que j'espérais qu'on serait assez intelligents pour le mener amiablement (putain, comment je me viandais :P). Tout ce qu'il a eu a répondre ça a été "Bah je pensais pas que t'en aurais le courage", et j'ai compris qu'il ne me connaissais pas.

Et puis, soyons honnêtes, se sont enchaînés des mois de merde, des galères sans nom, des enfants qui trinquent, on a opté le divorce avec toutes options merdes-luttes-haines-mensonges. Mes armes pour y survivre ont été une famille en or et beaucoup d'amis très présents, et aussi la technique de "bon, je gère ce problème d'abord, et pour le suivant, on verra".

Et ça a tellement bien marché, que je me suis sentie revivre, je me sentais même coupable d'être aussi heureuse, et tout le monde me disait que j'étais resplendissante. J'ai filé un coup de pied à ma culpabilité, et j'ai joui de la vie (oui oui, joui, je t'entends ricaner là bas, au fond de la salle) :P J'avais quelques années à rattraper.

En 5 ans, je n'ai jamais douté un quart de seconde que cette décision était la bonne, la meilleure de ma vie même, même si j'en assume (encore) quelques conséquences poucraves. Aujourd'hui je regarde parfois mes enfants en me disant "putain, ils ne seraient pas les mêmes s'ils avaient grandi dans ce foyer là..." et ça efface chaque minute d'angoisses, d'insomnies et de lutte acharnée de mère tigresse qui non, n'a pas peur. Et puis je me regarde moi aussi, dans ma glace, et je me demande quel genre de pauvre dame aigrie je serais, si mes parents ne m'avaient pas enseigné à avoir les ovaires bien placés, et à avoir la certitude que dans ma vie, c'est moi qui commande. Merci mamá y papá.

Voilà, c'est mon billet "viens, je te raconte ma vie" de l'année, avoue, ça te manquait ? :P





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